La course au bout des bras

La compétition automobile est à la fois difficile, très coûteuse et les places sont chères. De quoi mettre un terme à la plupart des vocations.

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Mais si en plus vous vivez sur un fauteuil roulant, autant dire que vos chances sont nulles. Mais lorsque l'on est passionné et que rien ne compte plus que de se trouver au volant d'un bolide rien n'est vraiment impossible. Gilles Duqueine nous en fait la démonstration. A 49 ans il est aujourd'hui à la tête de " Duqueine composite " la société qu'il a fondée et qui emploie 180 personnes. Beaucoup s'en satisferaient mais ce qui fait vibrer Gilles, c'est la compétition automobile.

De quand date cette passion ?

Depuis que je suis enfant, j'ai toujours des posters de voitures dans ma chambre et je rêvais de devenir pilote de course. J'ai rapidement fait de la compétition amateur puis un jour la chance m'a souri. Marlboro cherchait des pilotes pour son écurie et avait organisé une sélection. J'ai été retenu parmi 1000 pilotes. Je suis ensuite devenu pilote professionnel production puis en formule 3. Cela c'était quelques années avant mon accident de la route au retour d'une course en 1985.

Que s'est-il passé ensuite ?

J'ai cru ma vie brisée et il m'a fallu 11 ans pour me reconstruire. Durant toutes ces années je repensais à la compétition sans plus y croire puis en 1996, j'ai acheté une 205 que j'ai fait équiper par Pimas et j'ai repris la compétition en amateur. Mais ce que je voulais c'est retrouver la licence professionnelle. Pour cela il fallait que je sois validé par la fédération de sport automobile. Et certains critères sont sans appel, notamment je devais pouvoir sortir de ma voiture en moins de 5 secondes en cas d'accident. J'ai fini par réussir tout comme les autres épreuves et bien sûr trouver des sponsors. Mon passé de pilote professionnel a aussi joué pour moi et j'ai récupéré ma licence professionnelle. Ensuite je l'ai obtenue de manière systématique. Durant quelques années j'ai été le seul pilote professionnel handicapé au monde. Aujourd'hui nous devons être trois ou quatre.

Avez-vous retrouvé facilement votre place dans ce milieu ?

Oui sans problème, j'ai toujours eu le respect des autres pilotes et je n'ai jamais entendu de remarques, qu'elles soient positives ou négatives.

Quel type d'équipement de conduite avez-vous ?

J'ai depuis le début un dispositif de conduite Pimas. Il l'on amélioré régulièrement pour que je bénéficie d'une réactivité accrue à l'accélération. Les vitesses, je les passe à l'oreille.

Rencontrez-vous des difficultés dans la conduite à un tel niveau ?

La plus grosse, c'est le manque de sensation physique au niveau des fessiers, ce qui permet de mieux anticiper les réactions la voiture. Mais je me suis adapté.

Dans quel championnat courrez-vous ?

Je fais le championnat d'Europe Grand tourisme au volant d'une Doge Viper spécialement préparée et qui ne conserve d'origine que la forme. Je cours en binôme avec un pilote anglais, avec la différence que je suis en catégorie " Pro Am " c'est-à-dire professionnel non rémunéré.

Comment faites-vous pour conjuguer la compétition et la direction d'entreprise ?

Actuellement je n'ai que 7 à 6 week-ends par an à consacrer à la course, plus deux ou trois autres pour l'entrainement. J'ai donc suffisamment de temps pour m'occuper de mon entreprise.

Quel est votre palmarès ?

Sur ces deux dernières années, j'ai fait 2ème en coupe de France, 2ème au Grand prix d'Allemagne et 2ème aux 24h de Spa en Belgique.

Pensez-vous continuer encore longtemps ?

Aussi longtemps que possible et je dis même que je vais conduire mon propre corbillard.

Propos recueillis par JMMC

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