Croizon : nos 4 parcs de loisirs vraiment accessibles ?

A la veille des vacances, dans sa rubrique du Magazine de la santé (France 5), Philippe Croizon passe en revue 4 grands parcs de loisirs français : Astérix, Disney, Futuroscope et Puy du Fou. Bilan plutôt positif en termes d'accessibilité.

• Par
Illustration article Croizon : nos 4 parcs de loisirs vraiment accessibles ?

Pour préparer un été ludique, plusieurs pistes. Aujourd'hui, vous nous proposez un grand huit dans 4 grands parcs de loisirs français. Qu'en est-il de l'accueil des visiteurs handicapés ? Commençons par votre petit chouchou, le Parc du Futuroscope, à Poitiers…
C'est là que j'ai organisé la première édition du Festival Croiz'y, festival du court métrage dédié au handicap positif (article en lien ci-dessous). Nous n'avons pas choisi ce site par hasard. Parce que nous recevions des dizaines de personnes handicapées, il fallait un parc qui soit à la hauteur. Je n'ai pas été déçu car, en termes d'accueil, c'est un sans-faute. Rudy et Julien, deux frères, dont un en fauteuil, que vous avez reçu sur votre plateau, ont l'habitude de passer au crible l'accessibilité des villes d'Europe. Ils ont testé ce parc européen de l'image et en font un bilan très enthousiaste, à découvrir dans une vidéo sur leur site Handilol (lien ci-dessous).  Le Parc du Futuroscope a d'ailleurs obtenu le label Tourisme et handicap pour 3 handicaps (moteur, mental et auditif). La quasi-totalité des attractions sont accessibles, avec un coupe-fil pour les visiteurs handicapés et 4 accompagnants, tandis que tous les hôtels du site proposent des chambres adaptées. Pour les personnes en fauteuil, aux carrefours principaux, le sol est marqué d'un pictogramme avec des flèches qui indiquent les itinéraires les plus faciles à emprunter. Le personnel est également très prévenant, et il ne faut pas hésiter à le solliciter.

Il y a une expérience insolite, que vous n'avez malheureusement pas pu faire…
Elle n'est pas accessible aux visiteurs en fauteuil. C'est l'attraction Les yeux grands fermés, un parcours dans le noir total en suivant un guide animateur non voyant. Sensations garanties ! Il y a également, l'attraction, Les lapins crétins, avec un wagon spécifique pour les personnes handicapées, sans oublier Le petit Prince où ils ont eu la présence d'esprit de mettre une plaque vibrante au sol pour les personnes en fauteuil roulant.

Non loin de là, en Vendée, il y a un deuxième parc mythique, celui du Puy du Fou…
Alors là, oui, un décor grandiose, un voyage dans le temps qui lui a valu d'être désigné meilleur parc au monde en 2015. Il a également reçu le label Tourisme et handicap et met un point d'honneur à proposer une visite sans entrave aux personnes handicapées, même si certains endroits sont assez difficiles en fauteuil roulant sans l'aide d'un accompagnateur (la cité médiévale et la fauconnerie). Tous les spectacles sont accessibles, y compris celui du Colysée de Rome, et, bien sûr, la Cinéscénie nocturne. Il y a même un petit train qui dessert les principaux lieux. Quant aux personnes avec un handicap mental, elles peuvent bénéficier de l'accès à des services et visites spécifiques.  Enfin, des tarifs préférentiels sont accordés aux visiteurs en situation de handicap.

Mais l'implication du Puy du Fou en matière de handicap ne concerne pas seulement les visiteurs. Racontez-nous l'histoire de Maxime…
Maxime Launay est un jeune cavalier qui fait des cascades sur le spectacle de La Bataille du Donjon. Mais, en juin 2011, il est victime d'un accident, percuté par le cheval d'un autre cavalier en pleine voltige. Il perd l'usage de ses jambes sur le coup mais pas l'envie de remonter un jour. A force de rééducation et surtout d'obstination, il se remet en selle au bout de deux ans et peut même à nouveau participer à la Cinéscénie mais, par sécurité, seulement au pas.

Direction cette fois-ci la région parisienne pour un autre parc mythique, Disneyland Paris.
Évidemment, le royaume de Disney, c'est the boss ! Sur le papier, tout est parfait, il existe même un guide de l'accessibilité dédié aux visiteurs handicapés, qui détaille de manière exhaustive toutes les attractions et les services. Certains sont déconseillés notamment aux personnes photosensible, épileptiques ou ayant des troubles du comportement. C'est un guide très bien fait, très complet… Une carte d'accès prioritaire facilite également la visite, et celle de 4 accompagnants.

Le deuxième parc, Walt Disney Studio ?
Là c'est plutôt le top puisqu'il a intégré dès sa conception les critères d'accessibilité pour personnes en fauteuil roulant. Même implication pour les théâtres Cinémagique et Animagique qui sont équipés de boucles magnétiques pour les malentendants. Pour les visiteurs aveugles, il existe un guide en braille avec des planches en relief.

Mais, dans la réalité, tout n'est pas aussi rose…
Là où le bât blesse, c'est un peu côté humain. Pour des raisons d'assurance et de sécurité, le personnel n'apporte aucune aide, notamment en cas de transfert. Il faut donc être accompagné d'une personne de plus de 18 ans, c'est marqué dans le règlement. La grande majorité des attractions est heureusement accessible, par exemple Les poupées du monde, où l'on peut monter sur une barque en fauteuil roulant.

En 2014, l'Unapei, une association de personnes handicapées mentales, a pourtant porté plainte contre ce parc pour discrimination…
Parce que des personnes trisomiques s'étaient vu refuser l'accès aux attractions et ont été sorties de la file. Elles n'avaient pas d'autre choix que de s'identifier en tant que visiteur handicapé afin d'obtenir le pass dit « prioritaire ». Or, selon l'Unapei, ce dernier conduit d'une part les personnes handicapées à être mises à l'écart (sortie des files classiques, entrée par les sorties des attractions, obligation de prendre rendez-vous à heure fixe...) et, d'autre part, il les contraint à suivre des règles différentes et dérogatoires d'accès aux attractions (obligation d'être accompagné par une personne valide, impossibilité de monter dans une attraction avec d'autres personnes handicapées). Les tribunaux français ont jugé cette plainte recevable ; le dossier est en cours. On peut donc reprocher à ce parc une certaine rigidité dans l'application du règlement, trop stigmatisante…

Enfin, pour notre 4e étape, direction le village des irréductibles Gaulois…
Le Parc Astérix. Une facilité de passage est proposée sur présentation de la carte d'invalidité, l'accès aux attractions se fait généralement par les sorties. Demandez, à l'accueil, le guide pour personnes handicapées qui vous aidera tout au long de votre journée. Cependant, la plupart des attractions sont assez sportives et nécessitent un transfert qui n'est pas de tout repos pour les personnes en fauteuil roulant. Le personnel ne refuse néanmoins jamais un petit coup de main. Quant aux spectacles, ils sont parfaitement accessibles. Malheureusement, pas d'informations concernant le handicap sur leur site Internet.

Globalement, quel est le bilan ?
Ces quatre « machines de guerre » du divertissement ont évidemment fait de gros efforts en termes d'accueil des personnes handicapées, qui sont d'ailleurs des milliers à se presser chaque été dans leurs allées. Alors, à part quelques points de détails, qui peuvent néanmoins exaspérer, ils valent vraiment le voyage !

Partager sur :
  • LinkedIn
  • Twitter
  • Facebook
"Tous droits de reproduction et de représentation réservés.© Handicap.fr. Cet article a été rédigé par Emmanuelle Dal'Secco, journaliste Handicap.fr"
Commentaires3 Réagissez à cet article

Thèmes :

Handicap.fr vous suggère aussi...
3 commentaires

Rappel :

  • Merci de bien vouloir éviter les messages diffamatoires, insultants, tendancieux...
  • Pour les questions personnelles générales, prenez contact avec nos assistants
  • Avant d'être affiché, votre message devra être validé via un mail que vous recevrez.