Accessibilité, tous concernés: 90% des Français insatisfaits

9 Français sur 10 éprouvent des difficultés d'accessibilité lors de leurs déplacements, selon une consultation auprès de 12 000 personnes. Un constat "inquiétant" pour APF France handicap, qui appelle à la mobilisation et à l'action.

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Les deux tiers des personnes handicapées disent éprouver des difficultés dans leurs déplacements, du fait d'infrastructures "pas assez accessibles", révèle une étude Ifop rendue publique le 29 janvier 2020 par l'association APF France handicap. 11 905 Français, dont 51 % en situation de handicap, ont été sollicités pour répondre à cette étude "inédite en termes d'ampleur". "Malgré trois lois en matière d'accessibilité depuis 1975, la France accuse un retard énorme dans ce domaine, déplore-t-elle. Il est plus que temps de rendre ce pays enfin accessible à toutes et tous".

Accessibilité : tous concernés

A cause des escaliers dans les lieux publics, de trottoirs trop hauts ou parsemés d'obstacles, l'accessibilité peut s'avérer problématique même pour ceux qui ne présentent pas de handicap, selon cette étude qui cite les personnes âgées éprouvant des difficultés pour marcher, les 2,5 millions utilisateurs de poussettes, les 700 000 femmes enceintes, les blessés qui utilisent temporairement des béquilles ou encore les livreurs portant des charges lourdes. Pour toutes ces raisons, un tiers des personnes non handicapées affirment "souvent" rencontrer des difficultés d'accès à la voirie, lieu qui recueille le plus haut niveau d'insatisfaction, puis aux transports ou aux établissements recevant du public (ERP). "L'accessibilité, c'est bien sûr essentiel pour les gens comme moi, en fauteuil roulant, mais nous ne sommes pas les seuls concernés", a résumé lors d'une conférence de presse le président d'APF France handicap, Alain Rochon. "Cette étude valide notre discours politique depuis des décennies et l'objective : l'accessibilité n'est pas un micro-sujet, elle concerne tout le monde."

Des mesures "incitatives et répressives"

Partout en France, le taux de satisfaction est "globalement très faible" : à Grenoble, ville la mieux classée, il atteint 30 %. Et, dans les agglomérations d'Aix-Marseille, Paris ou Nice, en queue de classement, seuls 9 à 10 % des sondés se disent "satisfaits" de l'accessibilité. Logement, transports, équipements publics de divertissement, établissements scolaires, informations municipales, espaces publics et privés... Même l'accès aux lieux de santés et cabinets médicaux est problématique : environ la moitié des personnes en béquilles ou en fauteuil roulant disent éprouver des difficultés pour y accéder. "Quant aux spécialistes (ophtalmologue, radiologue, gynécologues...), n'en parlons pas... Le taux de prévalence du cancer du sein est deux fois supérieur à celui des femmes valides, révèle-t-il. Voilà jusqu'où ça va..." Pour toutes ces raisons, "nous appelons les pouvoirs publics à rappeler tout le monde à ses obligations pour que ce chantier avance. Il faut un portage politique, avec une campagne de communication et de sensibilisation ainsi que des mesures incitatives et répressives pour ceux qui ne s'en préoccupent pas", estime de son côté Nicolas Mérille, chargé du dossier de l'accessibilité au sein de l'association.

La loi de 2005, a-t-il rappelé, prévoit une amende administrative de 1 500 euros pour les établissements qui ne respecteraient pas leurs obligations de mise aux normes -des dérogations sont toutefois possibles, pour des raisons techniques ou si le coût des travaux est manifestement disproportionné par rapport au chiffre d'affaires d'un commerce ou d'un restaurant, par exemple. Mais de telles sanctions sont "rarissimes", selon lui. "Les reports s'accumulent, les dérogations et autres souplesses législatives pénalisent quotidiennement l'ensemble de la population française. Si on agite la menace de sanctions ou que quelques-uns écopent d'une amende, ça fera réfléchir", souligne M. Mérille.

4 ans pour se mettre aux normes ?

A quelques jours de la Conférence nationale du handicap, prévue le 11 février 2020 (article en lien ci-dessous), anniversaire des 15 ans de la loi "handicap", l'association réclame donc "des mesures concrètes en faveur des personnes en situation de handicap" de la part du gouvernement. Second levier d'action : les élections municipales en mars. APF France handicap attend des futurs élus locaux, "un engagement fort dans la mise en accessibilité de leur ville". Enfin, en 2024, non seulement la loi sur les Ad'AP (Agenda d'accessibilité programmée) arrivera à son terme mais la France accueillera également les Jeux olympiques et paralympiques d'été. Un certain nombre de métropoles sont concernées, selon l'association, "il est donc urgent que les pouvoirs publics, les partenaires institutionnels publics et privés, de concert avec les associations, se mobilisent pour que l'accessibilité universelle avance enfin". "Avis au président de la République, c'est un sujet que nous ne lâcherons jamais", clame "haut et fort", Alain Rochon.

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