Au-delà des maux

Par Ericka Karen

  • Au-delà des maux (miniature 1)
Au-delà des maux (image 1)

En quelques mots :


Présentation de l'éditeur

Ceintes d'un pagne et d'un simple tee-shirt, elles tenaient d'une main de maître leur petite boutique sous le regard non loin d'une patronne bien en chair. Elles s'affairaient tout autour et leur regard était empreint de tristesse. Mon Dieu, me disais-je intérieurement. Nous avions à peu près le même âge, pourtant nos vies étaient diamétralement opposées.
Les marchandises s'échangeaient, les langues se mêlaient, et pour qui souhaitait des atangas, des bananes ou autre, il savait où aller. Non loin des étals et des vendeurs ambulants, au rond-point à gauche, le vert de la station-service éclairait de ses lumières dès que le jour commençait à se cacher. Tout disparaissait, enfoui dans le sol : les tables, les planches, les pagnes au sol. Ne restait plus que le ventre de la bête. Derrière toutes ces tables et vendeuses, on devinait au fond, dans le noir, l'âpreté de la vie et les lamentations des habitants.
Arrivée au-dessus de l'échangeur, j'étendais mon regard et j'entendais les véhicules passant à grande vitesse en dessous. Deux mondes se côtoyaient. L'un allant toujours plus vite, l'autre essayant de le rattraper. Nkembo était le visage de ce deuxième monde. Des bas quartiers sans eau et parfois même sans électricité, des vendeuses n'ayant pas atteint la puberté, une économie souterraine favorisée par un gouvernement absent, volontairement absent, et des parlementaires corrompus. C'était pour cela que nous marchions… je l'avais compris. Pour voir cette réalité. Ce n'était pas simplement une marche pour nous rendre à la congrégation, c'était une conversation intime, un regard posé sur l'autre et déjà sur la différence de traitement. Un regard sur nos conditions de vie diamétralement opposées par rapport à celles que l'on pouvait côtoyer.
J'avais compris, intégré et validé l'enseignement de ton grand-père. Durant ces moments, la petite fille marchait main dans la main avec lui. Je l'accompagnais, le précédais. Il m'était devenu encore plus indispensable. Il était ce pour quoi j'étais là à cet instant, et déjà je l'aimais d'un amour indéfectible.

L'auteur

Un parcours, une vie que j'ai posée mot à mot. Et si la vue n'était pas une question d'œil, et si je vous tendais la main pour vous accompagner dans ce long voyage entre la pénombre et la lumière jaillissante de cette vie insoupçonnée qui coule en nous ? Je m'appelle Ericka, autrice, handicapée… et alors ?

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Au-delà des maux, Ericka Karen, Editions Maia, octobre 2021